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    Bonne gouvernance et clan présidentiel au Sénégal : Un mariage incompatible? (Par Ciré Aw)

    1 janvier 1970 by Logitrans0News

    By Ciré AW Au Sénégal, les régimes politiques passent, les mêmes pratiques de gestions nébuleuses du pouvoir persistent. On a comme l’impression que l’histoire tumultueuse d’accaparement des modestes ressources de notre pays par une classe politique avide et scélérate se répète inexorablement au point de devenir une fatalité indépassable. Ce qui est alarmant, ce sont moins les révélations spectaculaires que les médias font de ses affaires scandaleuses ; mais ce sont surtout l’impunité et l’absence de poursuites pénales qui en découlent. Si on devait énumérer les incongruités en matière de gouvernance ou les ‘’scandales financières  » qui ont éclaboussé notre classe politique au cours des dernières décennies, on risque de passer pour un délateur alarmiste ou un lanceur d’alerte jaloux des privilèges des barons des différents régimes qui se sont succédés. Pourtant, rien qu’à observer le train de vie dispendieux de nos gouvernants; un État qui se veut de droit devrait s’auto-saisir via une justice pleinement indépendante délestée de toutes considérations politiciennes pour demander à ces détenteurs de richesses spontanées de justifier leur patrimoine financier. Une mise en lumière de l’origine de leurs enrichissements fulgurants ou une déclaration de patrimoine est d’autant plus nécessaire qu’elle demeure une priorité pour non seulement instaurer la bonne gouvernance, susciter la confiance des investisseurs; mais surtout elle permet de retracer les sommes d’argents colossales subtilisées par ces administrateurs et gouvernants cupides .Cette transparence dans la gestion de l’argent public est d’autant plus impérieuse que les montants en jeux destinés à financer notre développement sont le fruit d’un endettement abyssal légués aux générations à venir. Nul ne peut évaluer les dommages économiques, sociaux et moraux que ces détournements récurrents de biens publics ont causé à notre jeune nation déjà durement éprouvé par une indigence endémique tant des montants d’argents faramineux se sont volatilisés à jamais sans que des procès sérieux ne soient initiés pour éclairer la lanterne des citoyens abusés et usés par des politiques mus plus par l’appât du gain que l’amour de leur patrie. L’enchainement des gestions calamiteuses et non transparentes du pouvoir est en passe de plomber à jamais tout espoir de développement, car il creuse de plus en plus un fossé sans cesse grandissant entre une classe dirigeante opulente voire arrogante et une masse populaire misérable et servile. Ainsi ,les affaires ‘’des licences de pêches » incriminant le Secrétaire général du Parti Socialiste Ousmane Tanor Dieng sous le régime du Président Abdou Diouf;  »des chantiers de Thiès et ‘’ANOCI » impliquant respectivement le Premier Ministre Idrissa Seck et Karim Wade le fils du Président Abdoulaye Wade ,en passant par » les affaires des produits phytosanitaires » épinglant la responsable politique du Parti Démocratique Sénégalais Aida N’diongue sous le régime libéral et récemment » l’affaire Pétrotim » éclaboussant Aliou sall actuel Maire de Guédiawaye et frére du Président Macky Sall; illustrent s’il en était encore besoin que notre pays apparait comme ‘’un gâteau » que se partagent des délinquants à cols bleus . Le peuple reste endormi par des décennies de léthargie citoyenne que même des patriotes de la trempe d’Ousmane Sonko, de Nafi N’gom Keita ne peuvent réanimer au péril de leurs carrières tant il est animé par un fatalisme criard et un instinct de survie exacerbés par une méconnaissance de ses droits civiques et républicains .Cet inertie citoyenne du peuple est entretenue par les discours fallacieux des politiques, par la mystification des religieux et surtout par le mutisme complice de la société civile laquelle se complait dans une résignation quasi soporifique devant les privilèges du pouvoirs. Nos concitoyens répètent machinalement les mêmes erreurs de choix de leurs gouvernants en cédant plus à leurs émotions d’électeurs qu’à leur raison de citoyens consciencieux des offres programmatiques et politiques qu’on leur présente. Ils oublient que l’ère des hommes providentiels ou des messies en politique est révolue et que la seule façon de promouvoir la bonne gouvernance est de jouer entièrement son rôle de citoyen à savoir de déléguer le pouvoir puis de contrôler constamment ceux qui l’incarnent. En réalité, plus un peuple est ignorant de ses devoirs civiques et citoyens plus il est sujet à la manipulation et à la servitude d’une classe politique peu scrupuleuse et ‘’prédatrice ‘’ de ses ressources.Une démocratie accomplie devrait donc être animée par des citoyens ayant une claire conscience des enjeux de leurs choix et une bonne représentation des acteurs politiques incarnant l’intérêt général. Or ,au Sénégal, le choix du peuple vis-à-vis des hommes politiques est plus motivé par des considérations affectives, claniques, religieuses ,bref privées que par l’intérêt du peuple. Dés lors, il n’est point étonnant de constater que les gouvernants sont ‘’choisis ‘’de manière ‘’ contingente pour ne pas dire aléatoire » par le peuple et qu’ils soient amenés à gérer de façon partisane le bien commun oubliant que la ‘’RES-PUBLICA » ou la chose publique ne saurait s’embarrasser de considérations privées. Dans une république qui se respecte, il n’est pas acceptable, que le fils, le frère ou tout simplement un membre de la famille présidentielle soit dépositaire d’une parcelle du pouvoir du peuple à moins que cela découle de ses compétences intrinsèques ou de ses mérites personnels .On nous objectera sans doute à ce propos qu’aux États-Unis réputés être ‘’la plus grande ‘’démocratie au monde » par exemple que Georges Bush le père et Georges Bush le fils ont présidé aux destinées de la nation américaine; c’est perdre de vue que les conditions politiques, sociales, juridiques qui ont rendu possible cette situation ne sont nullement comparables à celles en vigueur au Sénégal dont la démocratie est non seulement encore en gestation , mais de plus les réticences culturelles et traditionnelles empêchant des élections libres et transparentes sont encore vivaces. Il est vrai que les membres de la famille présidentielle sont des citoyens à part entière ayant les mêmes droits en principe que tous les autres citoyens et pouvant légitimement aspirer à des postes de responsabilités , mais encore faudrait-il que leur participation dans la gestion du pouvoir soit la résultante d’une compétition équitable où ils partent à chance égale avec les autres citoyens au lieu de reposer sur la volonté d’un ‘’Prince » prêt à tout pour protéger son clan en cas de mal gérance. À cette occasion, il y a lieu même de questionner les prérogatives de la Première Dame lorsque celles-ci dépassent le domaine social envahissant ainsi la sphère politique puisque ses pouvoirs devraient être en principe symboliques et se cantonner à des actions sociales, des œuvres de bienfaisance ou caritatives. De ce point de vue le statut de la Première Dame devrait être clairement défini pour éviter toute confusion afin qu’elle ne soit pas enclin à usurper le pouvoir politique que le peuple a conféré à son ‘’Président-mari » par la voie des urnes. Au fond, dans les pays comme le Sénégal où la démocratie est encore en gestation en dépit des alternances politiques générant plus des changements d’homme que de système qui ont eu lieu, où les corps de contrôle en matière de bonne gouvernance sont fragilisés par la mainmise de l’Exécutif dans le choix de leurs acteurs; permettre à un membre de la famille présidentielle de détenir des pouvoirs politiques devient imprudent en ce qu’il ouvre la porte à tous les excès. C’est pourquoi, il urge que l’éthique politique et la décence prennent le dessus sur la loi en ce qui concerne l’immixtion de la famille présidentielle dans l’arène politique; cela d’autant plus que la tentation est toujours grande pour le premier magistrat du pays d’octroyer aux membres de sa famille des pouvoirs qui outrepassent les limites de ses pouvoirs constitutionnels. Cette mise à l’écart de la famille présidentielle dans la gestion de l’État aura au moins l’avantage d’évacuer toute opacité dans la gestion du pouvoir et de réaffirmer la volonté du Président de mettre en avant la patrie en lieu et place de sa famille ou de son parti; cela en attendant que notre démocratie atteigne son apogée. Pour résumer on peut cataloguer les maux qui accablent le Sénégal en une trilogie: la cupidité et le manque de patriotisme de la classe dirigeante, le fatalisme et le fanatisme du peuple, la complicité et duplicité de la société civile.
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