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    Ethique et politique : voici l’intégralité de la leçon inaugurale de Me Souleymane Ndéné Ndiaye à l’IAM

    22 mai 2015 by Logitrans0News

    By Abdoul Aziz 1-INTRODUCTION C est pour moi un grand honneur et un réel plaisir de participer à la semaine culturelle de l institut africain de management. L IAM fait partie des fleurons de nos institutions d enseignement supérieur et sa renommée nationale et internationale se confirme de plus en plus. Porté par le leadership et le dynamisme de son PDG, monsieur Moustapha Guirassy, qui a été ministre alors que je dirigeais le gouvernement du Sénégal, l’IAM se démarque de plus en plus en Afrique par son sens de l innovation, par la qualité de l enseignement, par son internationalisation et par la qualité de ses infrastructures qui font notre fierté à tous. Une telle inscription dans l excellence ne peut se faire sans la qualité et la notoriété de ses enseignants, de ses administrateurs, de ses étudiants et de tout son personnel. Je vous remercie de m’associer, à travers cette conférence, à la semaine culturelle des étudiants et au prestige de cette institution Je voudrais vous convier à un échange ouvert sur un sujet brûlant que j ai, moi-même, eu la témérité de proposer au professeur Djibril Diakhate. Je présente mes salutations chaleureuses au professeur Diakhaté que je considère parmi les intellectuels marquants de notre pays. Oui j ai moi même soumis le titre car je veux débattre franchement avec vous de la relation de ce couple « ethique et politique», relation qui me paraît aujourd’hui plus problématique qu’harmonieuse. Disons le, sans faux fuyant, la relation éthique et politique est difficile. La parole publique, les médias, la société civile, les organisations internationales ne cessent d’ apostropher les dirigeants politiques sur leurs défaillances éthiques dans la conduite de l État de droit et dans la gestion des biens publics. Dans le temps qui nous est alloué, nous ne pourrons pas aujourd’hui couvrir l’ensemble des thèmes que peut soulever le questionnement sur les relations entre l éthique et la politique. Je vais aborder rapidement quelques thèmes récurrents qui sont aujourd’hui, au Sénégal, au cœur de nos débats et qui soulèvent la question éthique: la transhumance politique, la corruption, le détournement des biens publics et la reddition des comptes, l état de droit et la démocratie, la séparation des pouvoirs, la patrimonialisation du pouvoir, le respect de la parole en politique. Je dirai aussi quelques mots sur le dossier polémique actuel sur l’envoi de nos soldats en Arabie saoudite pour terminer sur des propositions sur ce que nous devons mettre de l’avant pour asseoir l’éthique en politique, propositions qui seront au cœur de ma candidature aux prochaines élections présidentielles, si Allah le veut. 2-LA NOTION D’ÉTHIQUE Le terme « éthique» a remplacé celui de « morale». On utilise plus souvent dans le discours public l’expression « éthique politique» que celle de « morale politique». On entend plus régulièrement dire « ce politicien manque d éthique» plutôt que « ce politicien manque de morale». Le mot éthique est devenu le mot dominant par lequel on renvoie aujourd’hui à l’espace des valeurs qui doivent guider la conduite des citoyens et des dirigeants. Je ne rentrerai pas dans une réflexion philosophique de fond sur ces notions qui ont été traitées par plusieurs grands philosophes : citons Socrates, Aristote, sionza, Jean jacques Rousseau, Kant, Nietzche, John Rawls, Hans Jonas et bien d’autres. Je ne me risquerai pas sur ce terrain complexe car je ne suis pas philosophe. POUR MOI , L’ÉTHIQUE, C’EST LA MORALE EN CONTEXTE. NOUS RECONNAISSONS DES PRINCIPES ET DES IDÉAUX MORAUX QUE NOUS POSONS COMME DES OBLIGATIONS, DES DEVOIRS , DES ASPIRATIONS QUI DOIVENT GUIDER L’ACTION DES CITOYENS ET DES DÉCIDEURS POUR CONSTRUIRE DES SOCIÉTÉS JUSTES, DES SOCIÉTÉS DE DROIT, POUR CONSTRUIRE DES SOCIÉTÉS D’ÉGALITÉ ET DE DÉMOCRATIE. CES IDÉAUX, CES PRINCIPES MORAUX RENVOIENT À DES VALEURS COMME L’ÉGALITÉ DES CITOYENS, LE RESPECT DE LA DIGNITÉ HUMAINE, L’HONNÊTETÉ DANS LA CONDUITE DES CHOSES DE LA RÉPUBLIQUE ET DANS LA GESTION DES BIENS PUBLICS, LA RESPONSABILITÉ ET LA REDDITION DES COMPTES DEVANT LES TÂCHES CONFIÉES, L’IMPARTIALITÉ DANS NOS DÉCISIONS COLLECTIVES, LA PRIMAUTÉ DU MÉRITE ET NON LE FAVORITISME, LE RESPECT DES LOIS, L’AUTHENTICITÉ ET LA SINCÉRITÉ dans NOS ENGAGEMENTS DEVANT LA POPULATION . LE RESPECT OU LE NON RESPECT DE CES VALEURS AMÈNENT À POSER DES JUGEMENTS MORAUX QUI SONT DES JUGEMENTS DE BONNE APPRÉCIATION OU DE DISQUALIFICATION DES COMPORTEMENTS D’UNE PERSONNE. L’ÉTHIQUE EST DONC UNE PRATIQUE, UN COMPORTEMENT DANS DES SITUATIONS RÉELLES, COMPORTEMENT QUE L’ON JUGE EN CONFORMITÉ AVEC LE JUSTE, LE LÉGAL, LE RESPONSABLE, à L’ÉQUITABLE, L’IMPARTIAL, LE TRANSPARENT, LE DÉMOCRATIQUE. ALORS QUE LA MORALE NOUS RENVOIE AUX PRINCIPES, L’ÉTHIQUE NOUS SITUE DANS L’ACTION, DANS LA RÉALITÉ. AVEC L’ÉTHIQUE, IL NE S’AGIT PAS DE SEULEMENT ÉNONCER DES VALEURS. IL NE S’AGIT PAS D’ÉNONCER DES PRINCIPES. , IL S’AGIT DE LES METTRE EN PRATIQUE. L’Éthique NE SE RÉDUIT PAS À UN DISCOURS DE proclamation des valeurs, c’est une mise en acte. L’Éthique surgit dans l’évaluation entre ce que nous disons et ce que nous faisons dans l’actualisation des valeurs qui fondent la démocratie. C’est d’ailleurs parce que l’éthique est un acte que nous parlons d’éthique appliquée. C’est aussi parce que l’Éthique s’éprouve dans des situations précises et des cas précis que nous parlons DES ETHIQUES PLUTÔT QUE DE L’ÉTHIQUE. ON PARLE AINSI DE L’éthique des affaires/ ETHIC BUSINESS ( milieu de l’entreprise, du management), de l’éthique de la presse, de l’éthique de l’environnement, de la bioéthique ( pour le monde médical), de l’éthique de l’environnement, de l’éthique de la technoscience ( technologie et les sciences), de l’éthique de l’art ( est ce que la création artistique peut tout représenter?) et enfin de ce qui sera notre propos aujourd’hui de l’éthique en politique. 3-LES CRITIQUES A L’ENDROIT DES HOMMES ET FEMMES POLITIQUES QUELLE EST L’ÉVALUATION LE PLUS SOUVENT FAITE DE L ACTION DES POLITICIENS, DES DÉCISIONS DES POLITICIENS ET DES DÉCIDEURS? DIT AUTREMENT LES COMPORTEMENTS DES HOMMES ET FEMMES POLITIQUES SONT ILS PERÇUS PAR LA POPULATION COMME RÉPONDANT AUX EXIGENCES ÉTHIQUES? JE VAIS PASSER PAR LE DÉTOUR DES CONSTATS d’un sondage fait en France en 2012 pour le compte du journal LE MONDE par Ipsos et Logica Business Consulting. Ce sondage portait sur la perception que les Français ont de l’éthique des leurs hommes et femmes politiques. Seulement 22% des personnes sondées ont considéré que les politiciens respectaient les grandes règles de l’éthique. Environ 60% des sondés indiquaient que les gouvernants et les élus confondaient leurs intérêts personnels et leurs responsabilités publiques. Et moins de 10% croient que cette situation a changé depuis 20 ans. Un autre constat de ce sondage, c’est que 50% des sondés disent que les hommes et femmes politiques sont de moins en moins sincères. 80% des sondés disent souhaiter que les responsables politiques disent la vérité sur la situation du pays. LE CONSTAT EST SÉVÉRE. J’ai voulu renvoyer aux résultats de ce sondage car je crois que si ce sondage avait été fait aujourd’hui dans cette classe même, s’il avait été fait dans l’ensemble du Sénégal, il est fort à parier que les résultats seraient les mêmes ou plus alarmants. Ces résultats reflètent ce que nous entendons sur le terrain et qui montre le scepticisme des citoyens et un certain désenchantement démocratique, une perte de confiance envers les élus. Les critiques qui ressortent lorsque je côtoie quotidiennement les citoyens ordinaires portent sur les faits suivants: défense des intérêts personnels plutôt que de l’intérêt général, l’enrichissement rapide et injustifié des hommes et femmes politiques, obsession de la réélection, promesses non tenues, tripatouillage de la constitution, patrimonialisation du pouvoir, confusion des pouvoirs, le favoritisme à la place du mérite, l’appât du gain et des privilèges avec le cumul des mandats. Ces critiques nous semblent récurrentes. Elles semblent revenir constamment . Ainsi du régime de Senghor, en passant par ceux de Abdou Diouf, de Abdoulaye Wade et aujourd’hui de Macky Sall, les critiques demeurent. Peut être même que ces critiques sont plus virulentes ces dernières années. IL faut cependant tenir compte aujourd’hui de la plus grande présence et de l’activisme des médias, des réseaux sociaux, de la société civile et de la vigilance des citoyens. Il me semble cependant que nous continuons de vivre un déficit éthique important et qu’en dépit des déclarations courantes sur les progrès de la bonne gouvernance, en dépit de la création d’organes de surveillance, en dépit des séminaires et rencontres internationaux nombreux sur l’éthique et la transparence, le peuple reste dubitatif, insatisfait. Le peuple est en attente d’une plus grande rigueur dans le comportement éthique de nos politiciens 4-LA TRANSHUMANCE Je m’arrêterai un peu sur la transhumance politique décriée souvent comme un des défauts de notre vie politique. Je rejette la transhumance et je dis qu’elle fait partie des comportements qui discréditent aujourd’hui l’homme et la femme politique. Je ne ferai jamais l’apologie de la transhumance. Qu’est ce que la transhumance politique ? Quelqu’un qui quitte le parti au pouvoir pour rejoindre l’opposition n’est pas taxé de transhumant. Un simple citoyen qui change d’allégeance politique n’est pas identifié comme transhumant. Donc la figure du transhumant est bien précise. Elle désigne l’homme ou la femme politique qui après avoir été au cœur du dispositif du pouvoir antérieur, après avoir défendu l’idéologie, les actions positives et même négatives de l’ex dirigeant , après avoir vanté ses mérites et ses qualités décident d’aller vers les pâturages du nouveau pouvoir. Le transhumant politique est celui qui n’est en politique que pour être du côté du prince. Le transhumant politique est décrié parce qu’il véhicule ce que nous reproche la population, c’est-à-dire le manque de convictions politiques, l’opportunisme politique, le manque de franchise dans nos positions politiques. Les convictions du transhumant se ramènent à ses intérêts personnels : se protéger contre une action de justice, ne pas perdre de privilèges, retrouver les positions officielles d’antan. On a ainsi vu des hommes et femmes politiques être les thuriféraires de Abdoulaye Wade, être les soutiens irréductibles de Karim Wade et de sa Génération du concret ensuite se comporter après la défaite comme s’ils étaient frappés d’amnésie, d’oubli historique. On voit apparaitre aujourd’hui des personnalités politiques qu’on pourrait appeler les « transhumants politiques professionnels», leaders qui sont continuellement dans le louvoiement pour être récupérés par le nouveau pouvoir. On serait porté à renfermer l’appellatif de transhumants sur la seule figure du politicien traditionnel. Ce terme peut être étendu à certains chefs religieux, chefs coutumiers et acteurs de la société civile qui s’investissent dans l’espace politique et dont les discours et comportements connaissent des revirements spectaculaires lorsqu’ils accèdent à une proximité avec le nouveau pouvoir. L’apologie de la transhumance politique revient à asphyxier la démocratie car la transhumance contribue à empêcher l’existence d’une opposition valable alors que sans une opposition crédible, un pays va vers l’imposition de la pensée unique. La démocratie est vivante là où existent les conditions qui favorisent l’existence d’une opposition crédible. Au Sénégal, nous sommes bien sûr dans un espace politique pluriel, c’est-à-dire un espace politique où existe une pluralité d’opinions, de croyances. Il y a aussi la liberté de pensée, il ya la liberté de mobilité politique. Cependant, il faut reconnaître qu’un leader politique lorsqu’il s’engage dans l’espace public, lorsqu’il mobilise des citoyens, ce leader politique doit être porté par des convictions politiques et éthiques qui doivent résister à la perte du pouvoir. Le leader politique est porté par des convictions et si ces convictions disparaissent aussitôt que son chef perd le pouvoir, on peut y voir de l’opportunisme politique. Il faut reconnaître aussi que le fonctionnement actuel de l’espace politique favorise le phénomène de la transhumance. Les partis politiques ne sont plus créés à partir de bases idéologiques précises, à partir de visions formalisées et argumentées. Le pluralisme politique a vu l’explosion de partis politiques, de mouvements politiques dont la plupart des leaders ne sont motivés que par des visées financières ou par l’obtention de postes politiques. Cette absence de repères idéologiques qui existe aujourd’hui même dans les partis traditionnels ( les écoles du parti sont devenues rares) contribue à créer un vide idéologique, une absence de vision forte de ce qu’est l’engagement en politique et cela facilite la transhumance. Je dirai que ce vide idéologique et cette explosion des petits politiques qu’on appelle « partis politiques cabines téléphoniques» ou « partis de candidats au poste de ministres conseillers», contribuent à dénaturer les campagnes électorales et empêchent une vie politique démocratique VIGOUREUSE. 5-LA POLÉMIQUE AUTOUR DE L’ENVOI DES SOLDATS EN ARABIE : UN DILEMME ÉTHIQUE Je suis sûr que vous vous attendiez à connaître ma position sur le débat actuel concernant l’envoi des djambars, de nos soldats en Arabie Saoudite. MON PREMIER SOUHAIT EST D’ABORD qu’il y ait une désescalade, une réduction de la tension dans ce conflit et dans cette partie du monde. Il semble qu’un accord de cessez le feu ait été signé sous le parrainage des États-Unis. Il faut prier pour que ce cessez le feu se confirme et qu’un véritable dialogue s’installe entre les belligérants autochtones et entre les puissances extérieurs que sont principalement l’Arabie saoudite et l’Iran. Si ce cessez le feu advenait, peut être qu’un si gros contingent de nos soldats ne serait pas nécessaire et que nous serions alors dans une véritable mission de maintien de la paix. Pour moi, le Sénégal sort toujours grandi lorsqu’il se présente en acteur de la paix, en acteur de rapprochement entre des pays en conflit. Le Sénégal a été admiré par sa diplomatie de paix, de dialogue et de rapprochement des partis en conflit sous Senghor, sous Diouf, sous Wade et même sous Macky Sall. Cette tendance doit continuer, surtout quand des pays frères de la oumma sont en guerre. Étant donné que nous parlons d’éthique, je dirai que le Sénégal est aujourd’hui, au sujet de ce conflit dans ce qu’on appelle un « dilemme éthique». Le dilemme éthique existe lorsque des valeurs morales importantes sont en conflit. L’Arabie saoudite est un pays frère et ami auquel nous sommes fortement liés. Nous lui sommes reconnaissants par son appui économique et pour l’écoute et les privilèges qu’il a toujours accordés à nos dirigeants politiques et à notre peuple. Le Sénégal a l’appui et le respect de ce pays. Il est impératif que nous témoignons notre solidarité à l’Arabie saoudite lorsque ce pays est en guerre ou lorsqu’il est menacé. Nous manifestons alors les valeurs de reconnaissance, de fidélité et de solidarité. Il faut aussi ajouter que l’Arabie saoudite abritant les lieux saints de l’Islam, nous avons un penchant affectif et une proximité identitaire avec ce grand pays de la oumma. En faisant appel à nous, ce pays reconnait également la qualité de nos militaires. En même temps, nous devons être sensibles à ce que HANS JONAS appelle l’ « éthique de responsabilité» qui nous interpelle sur une autre valeur : la responsabilité de protéger le Sénégal, de protéger les Sénégalais contre d’éventuelles représailles du terrorisme djihadiste qui a ses intérêts dans ce conflit et qui a ses tentacules et ses agents en Afrique de l’Ouest. Ainsi nous devons penser aux conséquences demain pour notre pays des actions que nous posons aujourd’hui. LE TERRORISME DJIHADISTE N’EST PAS UNE FICTION : IL PEUT FRAPPER PARTOUT. Voilà un choix difficile et notre décision qui donne l’ impression de prendre parti militaire dans ce conflit aurait dû être l’objet d’un dialogue approfondi entre les partis politiques, avec la société civile afin que se dégage une position commune éclairée. Aujourd’hui, il ne semble pas y avoir de convergence et le gouvernement est dans une communication de rattrapage auprès de différents segments de la population, auprès des leaders religieux etc… Le débat est politisé et la responsabilité n’incombe pas seulement à l’opposition. Notre déficit de dialogue politique favorise cette polarisation des positions. Ayant été au pouvoir, ayant été témoins de notre proximité avec l’Arabie saoudite et de ce que ce pays a fait pour nous, je ne peux être indifférent à une demande de soutien militaire de l’Arabie saoudite. L’État sénégalais s’est avancé, beaucoup avancé et aujourd’hui nous sommes trop engagés pour reculer et perdre la face. Cependant la décision était trop importante pour ne pas faire l’objet d’un débat plus républicain et d’une évaluation objective des enjeux. Quand le pays s’engage dans un terrain de guerre, il faut en comprendre de manière transparente les enjeux. On se rappelle de la manière dont Georges Bush avait berné les Américains sur l’invasion de l’Irak. Nous en voyons aujourd’hui les conséquences. Donc oui à l’appui d’un pays ami et frère mais dans la totale transparence des arguments. J’espère que la voix du dialogue l’emportera et qu’une solution diplomatique sera trouvée dans ce conflit. Si le Sénégal, par ce qu’il représente à l’OCI, peut contribuer à une solution diplomatique, nous en sortirions grandis. 5-MA CANDIDATURE À LA PROCHAINE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE : Mon départ du PDS et ma candidature à la prochaine élection présidentielle relèvent t-ils d’une démarche éthique? En m’opposant au choix du candidat du PDS à la prochaine présidentielle, en allant à l’encontre du choix téléguidé de ce candidat, est ce que mon attitude va à l’encontre de l’éthique? est un manque d’éthique? Mon attitude est elle une trahison, comme certains ont voulu la qualifier? J’avais indiqué que je souhaitais être le candidat du PDS et je me préparais à chercher l’appui des militants dans le cadre d’une campagne d’investiture démocratique, transparente avec des règles de fonctionnement clairs et des délégués légitimes. Je voyais là un grand moment de revitalisation démocratique du PDS durant lequel les leaders significatifs du PDS (et il y en a plusieurs qui sont valables dans le PDS) pouvaient faire valoir leurs ambitions et les propositions qui pouvaient ramener le PDS et ses alliés au pouvoir. Un tel exercice ouvert aurait permis l’émergence d’un candidat consensuel. Désigné j’aurai eu l’appui des autres candidats. Non désigné, j’aurai appuyé celui que le parti aurait CHOISI et nous serions allés ensemble à la conquête du pouvoir. JE N’ÉTAIS PAS DANS UNE DÉMARCHE DE LA TERRE BRULÉE : C’EST NDENE OU RIEN. J’ai constaté que le cadre démocratique, transparent, égalitaire pour le choix du candidat n’existait pas et que les dés étaient pipés d’avance. La volonté était claire d’imposer Karim Wade. J’en ai tiré les conséquences. J’ai quitté le PDS. Mon ami Pape Samba Mboup a dit dans les pages de l’Observateur que j’ai eu une démarche honnête, cohérente car j’ai toujours dit que je ne m’alignerai pas derrière Karim Wade. Mon ami Pape Samba Mboup qui a tout mon respect réduit cependant ma pensée. Ma posture est orientée par le refus de toutes démarches nébuleuses ou téléguidées, tout simulacre de démocratie pour remettre le PDS entre les mains de Karim Wade ou de lui remettre le pouvoir alors que le PDS gouvernait. Ce n’est donc pas le candidat choisi qui le problème. Ce candidat, je l’ai appuyé et je l’appuie encore dans cette épreuve qu’il vit dans sa lutte contre le procès sur l’enrichissement illicite et je persiste à dire que son procès n’est pas juste. Ce n’est pas sa personne qui est fondamentalement en cause mais c’est plutôt un mode de fonctionnement, une stratégie de dévolution familiale du pouvoir que Idrissa Seck n’avait pas acceptée, que Macky Sall n’avait pas acceptée, que Pape Diop n’a pas acceptée, que Aida Mbodj aussi rejette, que Ousmane NGom aussi n’accepterait pas… Je dois beaucoup à maître Abdoulaye Wade. Il aura toujours mon respect. Sa vision du libéralisme m’a influencé et m’influence encore. Il a beaucoup fait pour ce pays et il faudra qu’un jour, alors qu’il est en vie que tout le Sénégal honore le grand homme politique, le grand chef d’État qu’il a été, le bâtisseur qu’il a été. La situation difficile actuelle, le combat difficile qu’il mène pour sortir son fils de prison peuvent amener à occulter l’héritage important que nous lui devons. Nous ne devons pas être amnésiques sur sa grande contribution au développement de ce pays. Nous qui avons été avec lui, nous qui avons vu ce qu’il a fait pour amener la première alternance démocratique dans ce pays, nous qui avons vu son travail de bâtisseur, nous qui avons vu le Sénégal grandir avec sa magistrature, nous ne devons pas accepter que ses adversaires tuent ou s’approprient sa mémoire et ses réalisations. Il y a bien sûr des choses que l’on peut reprocher à sa gestion du pays mais pas de là à mettre en marche tout en processus politique et communicationnel de diabolisation pour occulter toute sa contribution. Cette reconnaissance et ce respect, moi, je les cultive en son endroit. Cependant, cela ne veut pas dire le suivre sur tout. Il y a des valeurs que je juge importantes. Ce sont les valeurs de justice, d’authenticité, de cohérence, et de dignité. C’est en conformité avec ces valeurs que je suis parti. Malgré tout le respect que l’on doit à un père, il arrive un moment où il faut prendre son destin en main et tracer sa voie. Sinon on reste un éternel TANGUY, ce jeune homme, héros d’un film français, qui ne voulait pas quitter le domicile familial Je ne suis plus au PDS mais je me donne l’obligation d’avoir des relations conviviales, fraternelles avec mes anciens alliés. Je suis un libéral, je me suis nourri à la pensée libérale de Abdoulaye Wade. Je participe des affinités libérales avec beaucoup qui ont côtoyé maitre Abdoulaye Wade et nous sommes conscients de ce qu’il a fait pour ce pays. Dans le Sénégal d’aujourd’hui, si les élections se déroulent de manière démocratique et transparente, aucun parti politique ne peut remporter des élections au premier tour. Ce sont des coalitions de partis qui élisent les présidents. La famille libérale de l’opposition doit échanger, entretenir des relations de cordialité pour demain se retrouver si les circonstances politiques l’exigent. J’avais l’habitude de dire alors premier ministre que mon baluchon était devant la porte et que j’étais prêt à partir aussitôt que Abdoulaye Wade le jugerait nécessaire. J’ai toujours manifesté mon opposition à la dévolution du pouvoir. Je ne faisais pas une fixation sur ma fonction de premier ministre. J’ai été franc, authentique et conséquent avec Abdoulaye Wade. Si Wade m’a gardé jusqu’à la fin, ce n’est pas parce que je lui tordais le bras. J’ai connu l’opposition et j’ai fait mon autocritique. Ce que d’ailleurs le PDS n’a pas encore fait. Je crois qu’il y a quelque chose de politiquement enrichissant à avoir connu le pouvoir, ensuite la défaite et l’opposition. Et ensuite de vouloir revenir. Il y a des choses qu’on fera sûrement différemment. Le pouvoir est grisant et on peut finir par oublier que l’on est élu par le peuple, par le citoyen ordinaire avant tout pour servir. 6-CONCLUSIONS POUR L’AVENIR : LES VOIES D’UNE CULTURE DE L’ÉTHIQUE Après avoir dit tout cela sur l’éthique et la politique, j’ai peut être renforcé votre scepticisme. Je vous ai peut être découragé. Non, il ne faudrait pas. A parler de ces failles, de ces défauts que j’ai signalés, je viens vous demander de vous mobiliser, je viens vous dire qu’il faut changer les choses et qu’il y a encore une noblesse à s’engager en politique. Il faut cependant le faire avec des convictions éthiques chevillées au corps. L’évolution des mentalités a besoin de vous, les jeunes, comme acteurs du changement. IL NOUS FAUT UNE CULTURE DE L’ÉTHIQUE et cela demande un changement de mentalité. La politique, ce n’est pas SERVIR LES AMIS, SERVIR LA FAMILLE, SERVIR SON PARTI, SERVIR SON CHEF RELIGIEUX, C’EST SERVIR LE PEUPLE. IL NE FAUT JAMAIS OUBLIER QUE NOUS SOMMES LÀ NON PAS POUR MANIPULER LE PEUPLE, NON PAS POUR ABUSER DU PEUPLE MAIS POUR TRAVAILLER À SON ÉPANOUISSEMENT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL. Vous les jeunes, vous devenez responsables de votre destin et du monde auquel vous aspirez en vous impliquant en politique pour la construction d’un espace politique plus éthique. JE ME LANCE DANS CETTE AMBITION DE DIRIGER LE SENÉGAL AVEC LA VOLONTÉ D’OPÉRER DES CHANGEMENTS MAJEURS QUI SERONT LES SOCLES DE NOTRE DÉMOCRATIE ET QUI CONTRIBUERONT À L’ÉMERGENCE D’UN ESPACE ÉTHIQUE : ASSEOIR UNE VÉRITABLE SÉPARATION DES POUVOIRS ( CE QUI AUJOURD’HUI EST PLUS THÉORIQUE QUE RÉEL); RÉDUIRE LES POUVOIRS DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE SURTOUT DANS LES NOMINATIONS AUX HAUTS POSTES DE RESPONSABILITÉS et DANS LA JUSTICE; CONTRÔLER DAVANTAGE LE POUVOIR DE DÉPENSER DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, DE SES COLLABORATEURS, DES DIRECTEURS DE SOCIÉTÉ D’ÉTAT, DE SORTE QUE L’ARGENT DU PEUPLE NE SERVE PAS À L’ACHAT DES CONSCIENCES; INSTAURER UN CONTRÔLE DES DÉPENSES DES PARTIS POLITIQUES LORS DES ÉLECTIONS AFIN QUE LE POUVOIR DE L’ARGENT NE VIENNE PAS TERNIR LE VÉRITABLE CHOIX DÉMOCRATIQUE; FAIRE QUE LA REDDITION DES COMPTES SOIT UNE RÉALITÉ ÉQUITABLE ET NON UNE ÉPÉE DE DAMOCLÈS POUR FAVORISER LA TRANSHUMANCE POLITIQUE; ÉVITER LES SITUATIONS QUI AMÉNENT À PENSER À UNE MAIN MISE DE LA FAMILLE PRÉSIDENTIELLE DANS LA GESTION DU PAYS. LE RÉGIME PRÉCÉDENT A ÉTÉ FORTEMENT CRITIQUÉ SUR CE QUI A ÉTÉ PERÇU COMME UNE PATRIMONIALISATION DU POUVOIR. QUAND ON A LU LA PRESSE DE LA SEMAINE DERNIÈRE, ON REMARQUE QU’IL Y A ENCORE AUJOURD’HUI UNE POLÉMIQUE SUR CE SUJET. Il NE S’AGIT PAR D’OSTRACISER LES MEMBRES MÉRITANTS D’UNE FAMILLE. IL NE S’AGIT PAS D’OSTRACISER LES MEMBRES D’UNE FAMILLE COMPÉTENTS QUI ONT ACCOMPAGNÉ L’ÉVOLUTION D’UN LEADER POLITIQUE. IL S’AGIT DE SAVOIR QU’IL Y A DES CHOSES QUI PEUVENT ÊTRE MAL PERÇUES ALORS QU’UN PAYS EST DANS LA CONSTRUCTION D’UNE VÉRITABLE DÉMOCRATIE, D’UNE DÉMOCRATIE MODERNE. IL FAUT ÉGALEMENT TRAVAILLER À DAVANTAGE VERROUILLER LE PROCESSUS ÉLECTORAL AFIN QUE LES ÉLECTIONS SOIENT LIBRES ET TRANSPARENTES. LE SÉNÉGAL NE PEUT PLUS SE PERMETTRE DES ÉLECTIONS CONTESTÉES. IL FAUT ENFIN QUE L’ON SE DONNE DES GARDE FOUS INDÉBOULONNABLES AFIN QUE LES DISPOSITIONS DE LA CONSTITUTION NE SOIENT JAMAIS VIOLÉES PAR LES LEADERS POLITIQUES QUI VEULENT PROLONGER LEURS MANDATS AU-DELÀ DE CE QUI EST AUTORISÉ. CE QU’IL FAUT AUSSI ASSEOIR, C’EST LA CRÉDIBILITÉ DE LA PAROLE POLITIQUE. IL N’EST PAS POSSIBLE À UN CHEF D’ÉTAT DE TOUJOURS TOUT DIRE. IL Y A DES DOMAINES OU DES SITUATIONS OÙ LE SECRET D’ÉTAT EXISTE. UN CANDIDAT À LA PRÉSIDENTIELLE PEUT FAIRE DES ENGAGEMENTS ET LORSQU’ÉLU, IL SE REND COMPTE DES DIFFICULTÉS CONCRÉTES À TENIR SES PROMESSES. CEPENDANT, LA PAROLE D’UN PRÉSIDENT EST PRÉCIEUSE ET SUR DES ENGAGEMENTS PRIS EN TOUTE CONSCIENCE DES CHOSES, DES ENGAGEMENTS TENUS ET RÉPÉTÉS ICI ET AILLEURS, LE PRÉSIDENT NE PEUT PLUS SE DÉFILER. IL DOIT ASSUMER. Je termine en vous invitant, vous les jeunes, à lire un ouvrage que j’ai beaucoup aimé : « le goût de l’avenir» de Jean Claude Guillebaud publié au Seuil en 2003. Il y convie à refonder la démocratie et à prendre possession de notre destin. Il nous dit d’avoir « le goût de l’avenir» et vous les jeunes, vous êtes l’avenir. MERCI BIEN CHALEUREUSEMENT DE M’AVOIR ACCUEILLI. ENCORE FÉLICITATIONS ET LONGUE VIE ET SUCCÉES À L’IAM
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