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    Les mots de l’esclavage: une vigilance nécessaire (par Myriam Cottias)

    1 janvier 1970 by Logitrans0News

    By Yenn Gni SENENEWS- En France, le  » deuxième mois des Mémoires de l’Esclavage et des Combats pour l’Egalité (27 avril-10 juin) (www.esclavage-memoire.com) initié par le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage s’achève dans un bruissement de succès, de nouveaux projets… et de débats à tenir! Pour les francs succès, on rappellera que plus de 150 événements se sont déroulés autour des différentes dates de commémoration d’abolition de l’esclavage, sur l’ensemble du territoire français (hexagone et outre-mer). Ils ont été portés aussi bien par des associations, des municipalités, des citoyens engagés et par l’Etat, le 10 mai,  » Journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. La totalité des sensibilités s’expriment ainsi lors de ce mois pendant lequel toutes les pratiques citoyennes et officielles de commémoration trouvent leur place. On saluera aussi la première édition du concours pédagogique national,  » La Flamme de l’Egalité initié par le CNMHE -dont l’idée a été suggérée et le développement soutenu par la Ministre des Outre-Mer, Madame George-Pau Langevin- proposant que des classes (primaire, collège et lycée) restituent la voix des acteurs et des témoins de la traite, de l’esclavage et de leurs héritages sous de multiples supports. Plus de 2100 élèves y ont participé dans quasiment toutes les académies.aliser un projet sur l’histoire des Il y a aussi des succès à consolider comme celui du changement de régime d’historicité qui s’impose désormais. On s’est éloigné, en effet, peu à peu du mythe, élaboré sous la IIIè République d’une vision schoelchériste de l’abolition qui affirmait que la République avait octroyé l’Emancipation à tous les esclaves. Les statues de Victor Schoelcher posant paternellement la main sur la tête d’un jeune enfant tout juste libéré du joug de l’esclavage ne doivent pas être déboulonnées mais l’on admet maintenant que Victor Schoelcher n’a pas tout fait. Les esclaves ont contribué à l’élaboration du fait abolitionniste par leurs révoltes récurrentes, par celle de Saint-Domingue, par leurs résistances quotidiennes. Victimes, il l’étaient d’un système mais ils ne portaient pas cette identité en bannière. Les nouveaux projets du CNMHE combinent ces acquis avec la nécessité des débats qui restent à mener, notamment sur l’histoire, la mémoire et les héritages contemporains de l’esclavage comme le racisme. Les maladresses de langage de la classe politique mesurant, qualifiant, jugeant ces phénomènes y invitent fortement, tout comme les réponses cinglantes et parfois excessives de certaines associations. Si l’on ne s’intéresse qu’aux plus récentes déclarations de la parole publique, on s’aperçoit de la nécessité impérieuse de mener une discussion sur les termes et les concepts. La prise en compte récente de l’histoire de l’esclavage par la classe politique montre en effet les limites de la diffusion du savoir sur l’esclavage et les esclaves. Un exemple : si les colonies des Amériques françaises ont été fondées sur le système esclavagiste (comprenant aussi l’extermination des populations amérindiennes), la vie des captifs africains n’est pas toute entière comprise dans l’esclavage. L’histoire des personnes esclavisées existait avant leur arrivée dans les plantations, les mines, les villes des Amériques et si la déportation sur les bateaux fut un arrachement de violence extrême, il ne fonda pas une amnésie totale. L’esclavage a structuré malheureusement ces sociétés et la vie quotidienne des individus en termes concrets d’organisation du travail, de hiérarchies sociales racialisées, entre autres, mais n’a pas effacé toute mémoire des sociétés d’origine. L’utilisation du tambour dans le gwo-ka ou le bélè, la pratique du vaudou, par exemple, en témoignent selon les espaces géographiques car ils sont transfiguration de cultures d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Il est vrai que cette attention aux mots et aux concepts utilisés doit être une vigilance qui ne sera refusée que par des idéologues hostiles. Transmission des connaissances, éducation, réflexion sur l’égalité citoyenne, sur la lutte contre le racisme sont d’ailleurs les objectifs principaux de la Fondation pour la Mémoire et l’Histoire de l’esclavage portée par le CNMHE et dont la création est en cours et que les paroles et les faits rendent chaque jour un peu plus nécessaire. Myriam Cottias Présidente du Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage Directrice de recherche au CNRS
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