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    NIGERIA- « Je suis un musulman du 21e siècle, pas du 7e », Muhammadu Sanusi II l’Emir de Kano

    1 janvier 1970 by Logitrans0News

    By Yenn Gni SENENEWS.COM- Personnalité atypique mêlant modernité et tradition, Muhammadu Sanusi II, ancien directeur de la banque centrale et émir de Kano, cité phare du Nord Nigéria, jette un regard plein de lucidité et de détermination sur les menaces qui gangrènent ce géant africain. Avec l’Express. Comment l’émirat, entité ancestrale, résiste-t-il aux assauts de la modernité, notamment au sein de la jeunesse? La plupart des musulmans ont dû vivre dans deux mondes, tracer leur chemin dans deux univers. La modernité, avec l’importance reconnue du progrès scientifique et technologique ; le besoin de maintenir une identité islamique authentique. Or, le monde musulman est tiraillé entre deux groupes marginaux et extrémistes. Le premier, adepte du modernisme et attiré par le système de valeurs européen, va chercher dans le Coran et les hadiths les fondements des droits des homosexuels ou du féminisme radical. Le second, de type wahhabite ou salafiste, rêve de revenir à l’Arabie du 7e siècle et de vivre comme le Prophète et ses compagnons. Le Nigeria avait 15 siècles d’histoire quand l’islam s’y est implanté. Moi, je suis un musulman du 21e siècle, pas du 7e, et je n’ai aucune envie d’y retourner. De même, je ne suis pas Européen. Mon identité n’a été forgée ni par l’Empire romain, ni par les monarchies de droit divin. Je suis Fulani, Africain et noir ; donc très loin de mon frère malaysien, même si nous pratiquons la même religion. Notre rôle, c’est de promouvoir le respect de nos traditions accumulées, ainsi que l’esprit de modération et de paix. Le franc-parler dont vous avez fait preuve, à la tête de la Banque centrale du Nigeria puis sur le front de la lutte contre Boko Haram, est-il compatible avec le devoir de neutralité d’une autorité spirituelle ? Il y a toujours conflit entre l’individu et l’institution. Quand j’étais gouverneur de la Banque centrale, je n’étais pas un Allan Greenspan à la tête de la Réserve fédérale américaine. J’avais pour tâche de superviser un système bancaire rongé par la corruption et des banquiers attirés par le pouvoir politique. Il fallait bien que j’affronte cette réalité et que je la dénonce haut et fort. Me taire, fermer les yeux, c’eut été abdiquer ma responsabilité. J’ai simplement signifié qu’il existait un immense fossé entre ce que je voyais et ce que j’aurais dû voir. J’ai mis en garde contre les risques d’un effondrement de la monnaie et les conséquences d’une chute des cours du pétrole. On ne peut pas me reprocher de n’avoir pas tiré le signal d’alarme. Il en va de même pour ma mission d’émir. Le défi, cette fois, c’est le terrorisme, dopé par une combinaison d’échecs. Ceux de l’Etat et d’un système éducatif incapable d’enseigner l’islam vrai comme d’en corriger les dérives ; échecs amplifiés par l’ instabilité géopolitique de la Libye à l’Irak, de la Syrie à l’Afghanistan. Autre facteur aggravant : le silence total des autorités musulmanes traditionnelles, souvent tétanisées par la peur. On ne peut rester neutre face à une rébellion qui prétend annexer et dénaturer notre religion et notre culture. La police avait à l’époque qualifié d’  » incitation à l’anarchie l’appel que vous aviez lancé en novembre 2014, invitant les musulmans nigérians à prendre en main le combat contre Boko Haram. Que vous inspire un tel désaveu ? Quand Boko Haram a commencé à conquérir des territoires, au point de menacer à court terme l’Etat de Kano, devais-je laisser faire ou inviter les fidèles à arrêter ces gens ? Puisque nous ne pouvions pas compter sur nos forces de sécurité, je leur ai demandé de ne pas céder à la terreur, de prendre leur destin en mains, de rester et de combattre, de ne pas laisser leurs filles, leurs soeurs, leurs femmes se faire enlever, violer. Bien sûr qu’il y a eu un retour de bâton. Sans doute l’attentat [du 28 novembre] contre la Mosquée centrale était-il programmé. Mais peut-être mes propos ont-ils renforcé la détermination des agresseurs et accéléré les choses. L’essentiel, c’est que nous gardions ce cap. Je pense que mon appel aura été un tournant dans la lutte contre Boko Haram. Peu après, l’armée a commencé à faire son boulot, à repousser les assaillants. Propos recueillis par Vincent HugeuxLire la suite sur L’EXPRESS.FR
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