By Mangoné KA Osons nommer la chose par son nom, le Sénégal a décidé d’envoyer des soldats dans le but de soutenir une guerre d’agression. L’Arabie Saoudite n’est pas dans une position de défense, mais dans une position d’attaque. Sous prétexte d’une menace des Lieux saints de l’islam, notre armée nationale est envoyée en Arabie Saoudite. Ceci n’est qu’un mensonge d’Etat. C’est la deuxième fois que le Sénégal envoi ses soldats en Arabie Saoudite. L’intérêt même de ces lieux saints dont on parle tant peut ne pas correspondre à celui du royaume saoudien. La première fois que le Sénégal est intervenu était lors de la première guerre du golf, mais parlons en un peu. Un rapport publié par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm(SIPRI) a affirmé que lors de la guerre irako-iranienne, 52 pays fournissaient des armes soit à l’Iran soit à l’Irak et 29 autres pays armaient à la fois les deux. Ces mêmes pays qui se servaient du conflit irako-iranien pour stimuler leur industrie d’armement et tester de nouveau concept d’armes dénonçaient également la guerre. Par exemple, les USA, contrairement au discours officiel, armaient secrètement les deux. En 1992, le Congrès Américains a révélé que la participation des Américains est significative, elle s’était opérée sous le contrôle attentif de la CIA et des départements d’Etat. Les Américains donnaient même à Saddam Hussein des armes non conventionnelle : culture de type U.S. Bactéries/Champignons/ Protozoaires et gaz toxique ; l’utilisation de ces armes chiques d’abord contre les troupes iraniennes et plus tard contre les Kurdes est avérée. Ceci montre l’hypocrisie de ces pays. A l’issu de cette guerre fratricide, Saddam Hussein s’est retrouvé avec des milliards de dollars de dette. Non seulement, il avait besoin de l’argent afin de payer ses dettes mais également de reconstruire son pays. Alor que l’Irak cherchait désespérément à trouver de l’argent, le Kuweit a unilatéralement décidé d’augmenter son quota de production de pétrole de 20% et fait chuter le prix de pétrole sur le marché mondial, ce qui a fait perdre à l’Irak un tiers de ses revenus de pétrole. Il faut noter que l’Organisation des pays d’exportateur du pétrole (OPEP) maintient le prix en fixant des quotas de production pour chacun des pays membres de l’organisation ; ce que le Kuweit n’a pas respecté. Ainsi, Saddam se sentait trahi d’autant plus qu’il pensait faire la guerre à l’Iran au nom des Arabes. De plus, faisant parti jadis à l’Irak, le Kuweit a été coupé du territoire irakien par les Anglais à cause du pétrole. Ainsi, Saddam décide d’envahir le Kuweit. Dans un entretien avec l’ambassadrice américaine à Bagdad, cette dernière a dit à Saddam :  » Nous (les Américains) n’avons aucun avis sur des conflits interarabes, ce que Saddam interprète comme un feu vert. Mais il ne savait pas qu’il allait tomber dans un piège tendu par les Américains. Après l’envahissement du Kuweit, les Américains sont allés présenter aux Saoudiens des fausses photos satellites pour les convaincre d’une menace irakienne d’envahir leur pays ; ce qui n’est pas vrai. En effet, Jean Heller, un journaliste d’investigation dit que le ministère de la défense américain n’a jamais publié ses soi-disant photos montrant le campement des troupes irakiennes aux frontières saoudiennes. A l’époque, il y avait aussi des sérieux journaux américains qui contredisaient la version officielle. On voit ainsi ces titres dans le Magazine Petersburg Times : Pas de concentrations de troupes sur les photos, Enigmes des photos satellites, Le mystère des tropes, Mentir les Saoudiens pour obtenir une base militaire. C’est ce premier mensonge d’Etat qui a fait entrer le Sénégal dans la première guerre du golf. Les inconvénients de cette guerre se répercutent sur la communauté musulmane jusqu’à nos jours. Là aussi, il faut rappeler une chose : l’éclatement de l’empire Ottoman est dû en grade partie par la manipulation occidentale. Lorsqu’on voulait faire tomber le dernier califat islamique, les Occidentaux cherchaient à diviser la communauté musulmane. On se souvient du colonel Lawrence, dit Lawrence d’Arabie, un Anglais qui finançait et armait le soulèvement des Arabes contre l’empire ottoman. On peut dire sans risque de se tromper que c’est le nationalisme arabe qui a entrainé le déclin du dernier empire islamique. Lawrence promettait aux Arabes un grand pays arabe après s’être libéré du joug des Ottomans ; mais le résultat est connu de tous. En effet, après la chute de l’empire ottoman les Anglais et les Français se sont partagé les territoires arabes. Quant à la soi-disant menace des lieux saints, cela n’est aussi qu’un leurre. Nous connaissons bien que ce qui constitue une menace pour les lieux saints se trouve même au sein du royaume d’Arabie Saoudite. On sait quel est le point de vue de la doctrine wahhabite concernant la sacralité de certains lieux. En plus, on doit rappeler un acte gravissime dont les Saoudiens ne parlent presque jamais à savoir le siège de la grande mosquée (la Kaaba). En 1979, Juhayman al-Utaybi, un caporal saoudien, s’est emparé de la Grande Mosquée (la Kaaba), en présentant Abddullah al Quhtani, chef des insurgés, comme étant le Mahdi venant rétablir sur la terre la justice. Pendant 18 jours, la kaaba est occupée par ces terroristes et c’est grâce à l’aide du GIGN français que les Saoudiens sont venus à bout des assaillants. Cette agression des lieux saints a fait plusieurs morts et la plupart des assaillants était des saoudiens. Donc ceux qui menacent les lieux saints de l’islam, ce sont ces genres de groupuscules qui n’hésitent pas d’attaquer des mosquées dans le but de tuer leurs frères musulmans. Aujourd’hui, on constate le phénomène consistant à placer des bombes dans des mosquées et lieux de rassemblement afin de tuer le maximum possible. Ceci est une méthode de procédure bien connue chez les terroristes, on sait qu’Al-Qaïda s’opère au Yémen à travers la branche d’Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQPA). Ce groupe terroriste est soutenu par les Saoudiens. En tant qu’Etat, musulman ou simple personne défendant la paix mondiale, notre devoir c’est d’être vigilant par rapport aux mutations géopolitiques et la géostratégiques mondiale. Et savoir que beaucoup de pays musulmans sont en train de s’armer : L’Egypte a récemment acheté 24 avions de combat Rafale, le Qatar a aussi fait une commande de 24 avions de combat Rafales etc. Quant à nous, nombreux sont ceux qui disent que le Sénégal a une armée professionnelle et aguerrie au combat, mais il faut savoir que telle n’est pas la question. Parce que la guerre telle qu’elle est pratiquée actuellement, le simple professionnalisme ne peut point garantir une victoire, du fait qu’elle demande des équipements, de la technologie et des renseignements et là nous savons que notre armée ne maitrise pas tous cela ; nous essayons, mais nous pouvons nous y casser les dents. Tardivement, après avoir décidé d’aller en guerre, le gouvernement veut entrainer les chefs religieux dans cette aventure. Nous devons dire que ces chefs religieux peuvent ne pas maitriser le sujet encore moins le domaine de la guerre. Je pense et j’ai cru avoir raison que si le Sénégal veut mêler la religion avec cette décision, il devrait se référer à ce verset coranique :  » Si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, combattez le groupe qui se rebelle. Tandis que Hassan Nasrallah, chef du parti chiite Hezbollah, et l’Iran souhaitent l’utilisation de la voie diplomatique pour sortir de cette crise. Les rebelles houthistes ont même accepté de dialoguer dans un pays neutre, mais l’Arabie Saoudite a opté la voie militaire. Les chefs religieux sénégalais feraient mieux d’adopter cette attitude qui est celle du Coran. Par ailleurs, si l’Etat sénégalais avait reflété les valeurs du pays, il aurait dû être un gouvernement incarnant la non-violence. En effet, la plupart de nos figures religieuses prônaient cette philosophie. La marche sur Washington de Martin Luther King, et la marche du sel de Mohandas Gandhi constituent une référence mondiale en matière de la non-violence. Mais ces derniers ne faisaient que suivre une doctrine que Serigne Touba avait prônée bien avant eux. Khadimou Rassoul déclarait à l’endroit de ses oppresseurs :  » J’ai pardonné les ennemis pour la Face de Dieu qui m’a toujours protégé contre eux et je ne défends point». Ahmadou Bamba bannissait à la fois dans son comportement et dans son vocabulaire l’attaque et la défense. Nous devrions avoir un Etat qui reflète notre histoire, notre culture et surtout les réalités actuelles du pays, mais non une République qui est sujette au dictat de l’étranger. On se souvient que le président Macky Sall refusait d’envoyer des soldats au Mali, mais il a finalement rétracté. A mon sens, pour participer à une guerre étrangère, il faut qu’il y ait une crise majeure, comme c’était le cas lors des deux guerres mondiales. Mais non pour des intérêts économiques, comme c’est le cas pour la plupart des guerres occidentales. Le président est élu pour défendre les intérêts du Sénégal et non d’un autre pays. Sur ce point, c’est l’avenir qui nous édifiera. Khadim-Abass Mbacké étudiant à l’université Paris-Sorbonne [email protected]