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    Commune de Diofior: Un «no man’s land» au cœur du Sine!

    1 janvier 1970 by Logitrans0News

    By Babacar Touré Amener la réflexion à s’arrimer au voisinage de l’universel, là où la pensée se recueille auprès d’elle-même, reléguant au second plan l’habitus et l’éthos, tel est le rôle fondamental de cette précieuse faculté dite raison qui distingue l’homme de l’animal. A coup sûr, l’épanouissement d’un peuple, quel qu’il soit, est tributaire de ce sacerdoce. Hélas ! La communauté urbaine de Diofior s’est royalement exemptée de cette exigence, préférant s’arc-bouter à l’état embryonnaire des sociétés humaines. Avec plus de 15.000 âmes et vingt cinq ans de gouvernance municipale, le village le plus peuplé du département après la capitale régionale (Fatick), Diofior est totalement dénudé. Avec plus de mille élèves le lycée, niché dans les champs, est un modèle du paléolithique. L’unique pharmacie qui gisait dans la commune a fermé ses portes depuis deux ans, l’eau potable y est interdite et aucune police n’ose s’y implanter encore après un siècle d’existence ! Pour les novices la désillusion et le calvaire débutent trois kilomètre après la commune de Thiadiaye, au croisement de Ndiosmone. Ici le regard est captivé par le dépotoir de vieux cars  » Ndiaga Ndiaye» ayant tiré leur révérence depuis mathusalem. Des tas de ferrailles, exclus du circuit et venus s’offrir une nouvelle vie sur les 35 kms qui séparent Diofior des communes environnantes, sur la nationale 1 qui traverse Mbour et Kaolack. Les lois scélérates de vieux chauffeurs à la retraite qui régissent le fonctionnement de ce célèbre garage traduisent, à suffisance, la mentalité en cours, encore dans ce coin du Sénégal pourtant, pas si éloignée de Dakar. Le car désigné pour la prochaine rotation n’a d’abord pas le droit d’allumer son moteur, s’il lui reste encore une seule place vide. L’attente pour le plein peut prendre quatre tours d’horloge. Et gare au passager qui, entre temps, se fait inviter par une voiture particulière, fut-elle celle d’un membre de sa famille. C’est interdit ! Soit il paye la place déjà occupée (500 frcs), même si le car n’a pas encore pris départ, soit il lui est possible de toujours se faire amener par le particulier en question; à condition qu’il se tape à pieds trois kms pour être hors de la juridiction du garage. Ce n’est que bourré comme une boite de sardines que le car peut enfin s’ébranler pour, au minimum, une heure trente minutes si le voyage se déroule sans incident…L’enseigne du collège (CEM 1), celle de la poste récemment installée et quelques boutiques jalonnent la route principale qui divise Diofior en deux. Il va falloir ajouter quelques mètres pour atteindre la mairie ensuite l’hôpital et puis plus rien…c’est l’unique infrastructure routière depuis l’aube des indépendances, aucune autre asphalte ne relie l’axe principale aux nombreux quartiers du village. Déjà le prochain arrêt sera l’arrondissement de Fimela, une petite bourgade (comparée à Diofior), mais ouverte et entreprenante qui détient à la fois la sous- préfecture, la gendarmerie, les mutuelles, entre autres infrastructures. Diofior ne fait pas partie de la chaîne rurale, elle est sous l’autorité du préfet. Mais comment donc Diofior qui sévit tel un chêne entouré d’arbustes, capitalisant à elle seule les deux tiers du potentiel humain de toute la zone, a pu être aussi dénudée et laissée en rade au plan infrastructurel et administratif par trois gouvernements successifs? La question n’est pas posée, elle se pose elle-même et la réponse reste une équation à multiples inconnus. Ce, parce que les langues n’osent se délier eu égard à l’autorité traditionnelle qui inspire la crainte et brandit le bâton mystique sur la tête des potentiels rouspéteurs.  » Les forces de l’ordre indésirables» De rares patrouilles sont souvent effectuées par les éléments de la gendarmerie de Fimela sur l’axe principale Ndiosmone-Ndangane en passant par Diofior quand le vol de bétail se fait menaçant. Mais l’absence d’un démembrement de la police dans le village, depuis qu’il a été fondé, est à rechercher d’abord dans la donne mystique, nous révèlent nos sources. En effet, plusieurs fois annoncée, l’ouverture d’un poste de police n’a toujours pas été effective. Et la dernière annonce avait été faite juste à la fin des travaux du local qui devait abriter ladite police. Finalement c’est en octobre dernier que le local a été affecté comme annexe des bureaux de l’IEF récemment installé.  » Il n’est pas trop prudent de se prononcer sur cette histoire de police, nous sommes tous parentés ici et nos ancêtres avaient confectionné des choses pour qu’à l’avenir aucune police ne puisse s’installer à Diofior nous chuchote un autochtone qui précise  » c’est connu et les autorités même le savent que quiconque s’aventure à implanter la police passera de vie à trépas ! La messe est dite. Les conflits sont gérés à l’interne, les cas de vols, d’infanticide, détournement de mineures ou de viols sont vite étouffés. Le bouche à oreille fonctionne à merveille mais c’est motus et bouche cousu, gare à celui ou celle par qui l’affaire s’ébruite. Les rares différends qui atterrissent à la gendarmerie de Fimela révèlent que très souvent l’un des antagonistes est un étranger. Et pour finir le risque d’insécurité gagne en ampleur pour un village en plein essor démographique. La preuve les rares fois où des cambriolages ont été successivement orchestré, ce fut presque un jeu d’enfants pour les délinquants qui s’attelaient à cœur joie à leur besogne avant de s’évaporer dans la nature sans crainte d’être poursuivi. Finalement notre persévérance nous a conduit auprès d’une source très proche de cette affaire. Il nous livre tout de go « la raison mystique est une réalité concernant la police. Je connais personnellement celui qui s’est chargé d’assurer mystiquement l’emplacement qui a été désigné pour abriter la police. D’ailleurs il ne s’en cache pas, il m’a confié que c’est bien lui qui s’en est chargé au nom des personnes du troisième âge Un ange passe et bat des ailes !  » L’eau potable contestée et suspendue Le liquide précieux est l’un des sujets les plus brûlants qui anime encore les causeries depuis bientôt trois ans. A ce jour l’eau douce est au cœur d’une guerre larvée entre l’Asufor et la SEO qui a gagné l’appel d’offre initié par le projet NDP (Noto-Ndiosmone-Palmarin) sous la supervision de l’office nationale des forages ruraux (OFOR) crée en 2014 par l’Etat. Une querelle longue et injustifiée au détriment des populations qui devraient se contenter des puits pour s’abreuver en eau potable, celle du forage n’étant pas consommable. Les plus petits villages environnants, soucieux d’un mieux être, ont consenti à payer à 275 F CFA le mètre cube pour avoir accès à cette eau douce.  » C’est trop cher !» clame, en chœur les Diofiorois qui, après moult réunions sur la question, ont choisi de rester fidèles au forage de l’Asufor qui, dés l’installation de son nouveau bureau a procédé à la hausse du prix Du mètre cube de 100 à 200frcs. Paradoxalement la seule borne fontaine installée par la SEO pour l’eau douce est prise d’assaut à chaque fois qu’une longue coupure d’électricité suspend l’écoulement de l’eau du forage. Du coup le prix du mètre cube pour l’eau potable peut être triplé par une seule famille qui se fait approvionner par les charrettes qui monnayent leurs bouteilles de 20 litres à 50 frcs l’unité. Interpellé sur cette longue divergence un proche de l’Asufor nous confie :  » Vous savez beaucoup de versions fallacieuses sont servies sur cette histoire. D’abord il faut savoir que l’ex-président de l’Asufor a commis des fautes dans la gestion du forage, il a laissé un trou de trois millions et c’est le jour même de sa passation de service qu’il va voulu faire un bilan séance tenante mais on s’y est opposé. Aujourd’hui les populations lui en veulent encore pour sa gestion nébuleuse et d’aucuns disent même qu’il a aussi utilisé cet argent pour battre campagne aux dernières locales. En vérité il n’y a eu aucun blocage quelconque sinon que c’est la SEO elle même qui s’est faite hara-kiri dans cette affaire. A la dernière réunion qu’on a tenue avec les autorités municipales nous leur avons fait entendre raison. Il n’est pas question qu’ils utilisent le réseau de l’Asufor pour écouler l’eau potable. Ils avaient commencé à implanter des bornes fontaines à l’intérieur des quartiers mais ils ont dû renoncer alors que c’était là la seule voie. Ils avaient proposé de ramener le mètre cube de 300 à 275 frcs mais cela ne suffit pas. Ils n’ont qu’à installer des bornes fontaines dans les quartiers et libre alors à chaque diofiorois de s’y approvisionner ou pas, et ceux qui veulent maintenir l’eau du forage seront tout aussi libre de le faire. En attendant que ce dilemme, qui n’a que trop duré, soit résolu, les charretiers se frottent les mains et les mômes restent exposés aux infections de la fluor et autres effets toxiques de l’eau du forage qu’ils prennent plaisir à boire en toute innocence sous le regard coupable des aînés ! MOUSTAPHA…EX-PRESIDENT DE L’ASUFOR ET DE L’UNION REGIONALE POUR LA GESTION DE TRANSITION… » Le maire a battu campagne contre l’eau douce, aujourd’hui il tient des réunions pour se dédire!» Serein et bien outillé sur la question l’ex directeur de l’Asufor n’a pas tardé à apporter la réplique à ses détracteurs. Au siège de son association où nous l’avons trouvé il s’ouvre sans détours : « J’ai géré l’Asufor pendant dix ans et c’est sous mon magistère que le projet NDP a vu le jour. J’ai aussi piloté ce projet sur l’eau douce qui couvre plus de 167 villages avec un réseau de 920 kms. Pendant toutes ces années, à la tête de l’Asufor, je me suis efforcé à maintenir le prix du mètre cube de l’eau du forage à 100 frcs avec la gratuité pour les écoles et les mosquées de Diofior. En 2011 Viviane Wade est venue ici me rendre visite et elle nous a fait don d’une motopompe par le biais du ministère de l’hydraulique sous Omar Sarr. Quand la SEO a gagné l’appel d’offre de la NDP pour la phase test de l’eau douce l’actuelle direction de l’Asufor n’a pas voulu admettre cette nouvelle donne. Pire encore ils sont allés dire aux populations que je détiens des parts dans la SEO sur la distribution de l’eau, ce qui est totalement faux. Pourtant lors d’un Crd tenu à Fatick le préfet et même le gouverneur s’étaient engagés à suspendre hic and nunc le forage pour répandre l’eau douce mais je m’y étais opposé, j’ai du plaidé pour qu’on laisse à l’Asufor le temps de statuer au niveau local sur la question» nous a t-il confié avant d’ajouter, très en verve. « Si nous en sommes à un tiraillement aujourd’hui c’est parce qu’en tant que membre de la société civile j’avais postulé aux dernières élections locales pour la mairie. En ce sens j’ai été la cible des partis coalisés. Et c’est dans cette entreprise de diabolisation que l’actuel maire alors candidat avait battu campagne contre l’eau douce et exhortait les populations à rester fidèles à l’eau du forage tout en m’accusant d’être de connivence avec les gestionnaires de l’eau douce.  » Aujourd’hui l’histoire m’a donné raison parce qu’à la dernière réunion du conseil municipale la question de l’eau douce a ressurgit et le maire est en train de se démener pour la restaurer. D’autant plus que ceux de l’Asufor vivent avec l’épée de Damoclès au dessus de la tête car dés qu’une petite survient au forage ils seront contraints de se rapprocher des services techniques de l’Etat et ça ne sera pas chose facile. La vérité est que les agents de l’Asufor jouent à maintenir le forage parce que c’est leur gagne-pain tout court. Mais je sais ce que je pèse et le moment venu je ferai mon devoir ! Ils m’ont calomnié et dénigré à tort et n’ont pu hélas m’empêcher de rafler la moitié des suffrages et de sortir deuxième après le maire. Juste après les élections l’OFOR m’a copté dans son conseil d’administration et à l’heure actuelle j’ai fais embauché au total 11 agents, à raison de deux agents pour les communes de Thiadiaye, Fimela, Palmarin, Loul Séssène, Djilas et un seul pour Diofior». Essoufflé M. Faye n’a tout de même pu terminer sans un regard sur les prouesses de son association « Espoir Enfants de Diofior qui vient de réceptionner un important équipement pour son centre de pédiatrie et de maternité de Diofior dont la construction est en phase terminale. Avec un bilan rayonnant l’association a fini par gagner l’assentiment de toute la commune. En 2011 elle avait offert des formations aux directeurs des écoles primaires qui ont eu à bénéficier d’ordinateurs portables en partenariat avec le CPM. Dans le même registre l’école maternelle Laurence Garamont co-construit par les anciens ambassadeurs du Canada et de la Hollande entretient gratuitement 150 enfants. Un autre partenariat avec l’association française  » Y’a de l’électricité dans l’air a permis d’installer des panneaux solaires et éoliens dans beaucoup de villages aux alentours de Diofior. Toutes choses qui font dire à M Faye que son sacerdoce est de s’ériger en modèle pour la jeunesse Diofioroise. « Aujourd’hui notre association basée en France est sur le point d’être érigée en Ong et il se peut que je sois absent du pays pour deux longues années au service de Diofior qui est ma raison d’être. C’est dommage que sous nos cieux les gens ne sont connus qu’après avoir cessé d’exister !  » L’unique pharmacie de la commune a fermé boutique Et la santé alors ? Ici, comme les autres secteurs, il n’y a aucune avancée significative. Et le témoignage de ce célèbre boutiquier du quartier Garage en est une illustration.  » Un de mes enfants s’est cassé le bras un matin et je l’ai amené de suite au district de Diofior. Sur place ils m’ont fait savoir qu’ils n’étaient pas en mesure de lui procurer les soins qu’il faut. Je devais donc l’acheminer sur Fatick et quand j’ai sollicité l’ambulance ils m’ont opposé un refus catégorique avec comme argument qu’il n’y avait aucune urgence. J’ai dû débourser 20 000 frcs pour louer un clando qui ne m’a pas fait de cadeau. Depuis cet évènement, qui m’a profondément marqué, je me ravitaille régulièrement en essence pour me servir de ma moto en de pareilles circonstances » D’autres exemples sont tout aussi parlants. Concernant la pharmacie la révélation ne tarde pas à se faire. Interpellé sur la question un proche de l’ex-gérant nous dit  » En dehors de l’aspect financier la pharmacie a été indexé pour des pratiques malsaines… ! Finalement pour une petite migraine il va falloir parcourir sept kilomètres pour se rendre à l’unique pharmacie située à la sortie sud-est de Fimela à l’entrée du village de Djilor. Et gare aux urgences ! Si le district ne dispose pas du médicament en question c’est mille francs la course en moto et à défaut d’un clando, c’est une ou deux heures d’attentes avant qu’un car ne se pointe ! Il faudrait juste rappeler encore que la commune de Fimela où se trouvent réunis tous les démembrements de l’Etat et les villages de Djilor, Samba Dia, Ndangane Sambou, Simmal, Yayém, entre autres, sont à peu près démographiquement équivalents à un seul quartier de la communauté  » rurale de Diofior comme Garage qui polarise 3 591 habitants. Selon les estimations faites en 2009, le quartier Nimzatt à lui seul contient 1 425 habitants, 1 889 pour Sicap, 1 616 à Ndougue, 1 643 Centre, 410 à la Médina et 1 192 âmes avec 100 ménages pour Darou. 3 591 pour le quartier Garage. Hélas ces chiffres valables au recensement de 2009 sont en net déphasage avec la terrible précarité infrastructurelle, politique, administrative et même mentale qui plombe ce beau terroir sérère. L’école, seule rescapée du naufrage ! Une armée d’enseignants dévoués et rompus à la tâche jusqu’à la moelle épinière mais toujours décriée par les autochtones et jamais ovationnée, telle est la couleur de l’école à Diofior. Pourtant le lycée pur de Diofior s’est classé premier de la région au baccalauréat 2014-2015 avec un taux de réussite de 66, 94% ! Hélas, construit sur fonds propres le lycée, niché dans les champs, offre toujours un spectacle désolant. La plus petite école primaire de la commune est plus rayonnante au plan infrastructurel. Au total 2500 élèves composent les 7 écoles primaires du village pour un effectif de 62 enseignants. Les résultats au CFEE de l’année 2014-2015 classent Diofior 2ème avec 35,5 pour cent sur les 8 communes que couvre l’IEF. Un score somme toute lapidaire mais satisfaisant au regard de l’hécatombe au plan national. Pour autant, la commune de Palmarin qui fait partie de la chaine rurale et matériellement défavorisée par rapport à Diofior, affiche 54, 43 pour cent. Concernant le BFEM sur les 37 CEM publics et privés confondus, le Cem Diofior 2 arrive 9ème sur la liste et la CEM 1 occupe la 12èmeplace. A l’instar des 8 communes, Diofior a tenu son forum sur l’éducation dans la journée du vendredi 20 Novembre dernier, sous la houlette de l’inspecteur de l’éducation et de la formation Mouhammadou Bâ et son équipe, un homme dévoué et désintéressé qui abat un travail colossal sur le terrain sans tambours ni trompettes. En présence des autorités administratives, des acteurs de l’éducation et des partenaires sociaux les débats ont été houleux sur les maux qui gangrènent le bon déroulement des enseignement-apprentissages à Diofior. Les relations souvent tendues entre les enseignants et les autochtones, les séances de lutte et autres manifestations qui démarrent en même temps que l’année scolaire ont été évoquées. Au bout du compte le forum s’est soldé par un fiasco incompréhensible. En clair, pendant que les cinq premiers forums ont enregistré un satisfécit par les engagements fermes formulés par les différents partenaires, à Diofior aucun engagement n’a été pris au terme des ateliers !!! El Bachir Thiam
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