By Mamoune Tine L’Iliouchine IL-62M, arborant les couleurs de la Gambie, reste cloitrée au tarmac de l’aéroport de Banjul, n’effectue ses vols que durant la nuit et est constamment gardée par des militaires. Cet appareil, selon LeMonde.fr, est sujet de questionnement car soupçonné comme étant un moyen de stock et de distribution des marchandises illégales, notamment des armes et de la drogue. Ousmane, nom qu’il a emprunté pour des soucis de sécurité, fut un haut gradé au sein de la sécurité aéroportuaire de l’aéroport de Banjul pendant près de 10 ans affirme lui que « depuis la tour de contrôle, j’ai vu ce que cet avion a fait pendant dix ans», étrange ! La trentaine dépassée, il renseigne que  » cet avion n’est jamais passé aux radars, nous ne vérifions ni les cargaisons, ni les passagers. Il raconte même qu’un de ses confrères à la sécurité aéroportuaire a dû fournir, sous la menace d’un pistolet sur la tempe, un badge d’accès au tarmac à Baba Jobe, proche conseiller de Yahya Jammeh dans les années 2000. En 2001, les agents sécuritaires de l’ONU prouvaient l’implication de l’aéronef gambien dans des livraisons d’armes à Charles Taylor, condamné en 2012 à cinquante ans de prison pour  » crimes contre l’humanité » et de  » crimes de guerre » par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone. Pour rappel cet avion leur a été vendu par Viktor Bout, trafiquant d’armes russe emprisonné à 20 ans de prison aux Etats-Unis. Essa Bokarr Sy, ancien ambassadeur de Gambie en France, renseigne lui que  » lorsqu’il était à Paris, la France attirait (son) attention sur ce fameux avion. Pierre Dadak avait été arrêté lui aussi pour livraison de 200.000 kalachnikovs, des lance-roquettes et des chars au Soudan du Sud en se déplaçant dans l’avion présidentiel gambien. Essa Bokarr Sy trouve cela  » très louche de faire voyager cet homme depuis la Pologne par l’avion présidentiel. A Ousmane d’apporter éclaircissement sur le déroulé de l’embarquement en ces termes :  » la piste était mal éclairée, on ne voyait pas ce qui y était chargé ou déchargé, continue Ousmane en plissant les yeux, comme pour excuser son impuissance d’alors. Et parfois, ces nuits-là, ce n’étaient pas les Hammer qui amenaient les cargaisons, mais des gros vans». Niklas Hutlin, chercheur à l’université américaine George Mason (Etats-Unis) et spécialiste de la Gambie affirme lui, que  » la Gambie ne produit pas d’armes et n’en exporte pas mais on y trouve et, des armes lourdes et, des armes légères. Charles Taylor et Viktor Bout, deux des principaux mis en cause dans les louches agissements de cet aéronef, purgent tous deux de longues peines, l’un au Royaume-Uni, l’autre aux Etats-Unis. Yaya Jammeh, quant à lui s’accroche au pouvoir après sa fameuse volte-face. La Gambie a plus d’un secret sous sa capuche.