By Modou Mamoune Tine Les Coups d’Etat militaires continuent de se répandre dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Après le Mali et le Burkina Faso, c’est désormais au tour du Niger de voir la junte militaire prendre le pouvoir aux dépens de Bassoum. La CEDEAO a réagi en condamnant cette prise de pouvoir et en exigeant la libération immédiate de Boussoum. Un ultimatum a été lancé, expirant ce dimanche, avec la menace d’une intervention militaire si la junte ne cédait pas. Face à cette situation, le président Mohamed Ben Diop a émis un appel à la CEDEAO. Il demande aux chefs d’État de la région de renoncer à toute intervention militaire et de privilégier le dialogue. Pour lui, cette guerre ne concerne pas directement l’Afrique de l’Ouest et il voit dans ce conflit des échos du bras de fer entre la Russie et l’Ukraine avec l’Union européenne. » Je lance un appel aux chefs d’État de la CEDEAO de surseoir à toute forme d’intervention militaire et de privilégier le dialogue. Cette guerre n’est pas la nôtre. Nous assistons à un transfert du conflit russo-ukrainien via le bras de fer avec l’Union européenne », avance-t-il.Tout en condamnant le coup d’État, Mohamed Ben Diop exprime ses préoccupations quant à l’impact de cette décision sur l’unité de l’Afrique.  » Cette décision n’est pas la meilleure, même si, au demeurant, je condamne avec la dernière énergie ce coup d’État. En ma qualité de candidat à l’élection présidentielle de 2024, je me dois d’être très attentif aux décisions prises par nos organisations régionales. Lorsque je dis que cette guerre n’est pas la nôtre, j’ai comme l’impression de participer à un nouveau partage de l’Afrique après le sommet de Berlin de 1884, mais cette fois-ci avec les absents qui reviennent pour prendre leur part, ajoute le candidat à la Présidentielle sénégalaise.  » Nous avons mis plus d’un siècle à tenter de nous sortir de cette colonisation, qu’une nouvelle menace se profile à la porte de l’Afrique avec la présence massive de la Russie, des USA et de la Chine…, souligne-t-il. L’apparition de puissances étrangères telles que la Russie, les États-Unis et la Chine en Afrique suscite des inquiétudes chez Mohamed Ben Diop. Il appelle à la cohésion au sein de la CEDEAO pour préserver les intérêts de l’Afrique.Certes, la négociation est la meilleure des options, mais nous devons davantage mettre en avant la cohésion de notre stratégie d’intégration. Si nous intervenons militairement après, à qui le tour ? Pourquoi ne l’avions-nous pas fait avec les autres puissances ? S’il y a intervention, comment devra-t-on gérer la situation avec les autres putschistes au pouvoir ? Certes, l’Afrique doit être en mesure d’assumer et d’assurer sa souveraineté militaire seule, mais cette intervention n’aura aucun sens à mon avis et créerait un précédent dangereux, croit-il. Mohamed Ben Diop propose une approche politique pour résoudre le problème persistant des coups d’État en Afrique.  » J’opte pour un renforcement d’une force de maintien régionale afin de protéger les populations. Cependant, la grande question est quelle politique endogène mener pour endiguer cette propension aux coups d’État qui s’étale d’est en ouest du continent. L’heure n’est plus à sortir de Jean pour se livrer à Edgar. Le problème que nous avons réside avant tout dans un cadre purement politique visant à éloigner les populations de leurs ressources nationales. L’exemple du Soudan est frappant, où malgré l’instabilité politique, le nord, où se trouvent les réserves de pétrole, est préservé et l’exploitation continue pour le plus grand bénéfice des puissances  » protectrices ». Il est temps de cesser de privilégier les intérêts des autres et de mettre en avant notre propre peuple et son avenir », termine-t-il.