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    La corruption : réflexion sur une forme perverse de l’échange (par Serigne Babakar Diop)

    1 janvier 1970 by Logitrans0News

    By Yenn Gni SENENEWS.COM- Une tentative sociologique pour comprendre les scandales qui ont jalonnés l’année 2015. C’est dans le désir à donner, qu’Adam Smith situait la distinction entre l’homme et l’animal.  » On n a jamais vu disait il,  » un chien faire de propos délibéré l’échange d’un os avec un autre chien. On n a jamais vu d’animal chercher à faire entendre à un autre par sa voix ou ses gestes : ceci est à moi, cela est à toi, je te donnerai l’un pour l’autre. La circulation des biens et services est l’un des fondements des sociétés humaines. Les liens sociaux, le marché et l’Etat font circuler ces biens et services selon les besoins et préférences de chacun. Les modes de circulation sont le don et l’échange. Dans le don on est dans la générosité désintéressée. On se prive du droit d’exiger une contrepartie. La parenté et les liens sociaux qui lui sont semblables sont prédisposés à cette forme de circulation de services et de biens matériels ou symboliques. Le don tient le marché et sa recherche du profit à distance. Dans l’échange, on ne se prive pas du droit d’exiger une contre- partie. On donne pour recevoir, dans un esprit marchand. Le don et l’échange peuvent cependant revêtir des formes perverses et dramatiques. Ils peuvent être détournés pour d’autres fins. Le philosophe du soupçon Nietzsche s’était fait une spécialité de dénoncer tout ce qui peut se cacher de calcul et d’intéressé derrière nos grands gestes de générosité et de  » deff guirr yalla taxx. Caïn, en raison d’un don non accepté par Dieu, a fracassé la tête de son frère Abel. Avait-il peut être pris son don comme un moyen pour autre chose ? Si son don était aussi généreux, aussi sincère et désintéressé, pourquoi donc cette colère, ce dépit ? Pourquoi ce premier meurtre de l’humanité ? Dieu n’a donné aucune explication à son rejet du don de Caïn. Cela reste son secret. L’échange aussi a un côté sombre. Celui-ci se manifeste dans la corruption. Celle-ci est une transgression délibérée de la règle de droit, de la loi morale et de l’éthique professionnelle. L’acteur engagé dans la pratique corruptive abuse de son pouvoir ou de celui que lui confère une position dans un schéma bureaucratique (par exemple), pour satisfaire un intérêt personnel. Il échange un service matériel ou symbolique contre des avantages financiers, politiques ou d’autres natures. Pourquoi s’engage-t-on dans l’échange corrompu ? Adopter une perspective compréhensive sur la corruption nécessite une interrogation tour à tour des motivations et raisons qui poussent l’acteur social à participer à l’échange corrompu, le sens qu’il peut donner à son action et la façon dont il cherche à échapper à la stigmatisation. Ces questions dépassent largement le cadre de cet article de presse. L’objectif de cet article n’est pas de faire une sociologie de la corruption même si je me permets de proposer une hypothèse explicative du phénomène. Le sociologue italien Alessandro Pizzorno utilise le concept de  » cout moral pour expliquer la participation à un échange corrompu. Je parlerai de coût social sachant que le coût moral est inclus dans ce dernier. Plus le coût social est élevé pour quelqu’un à qui s’offre l’opportunité de participer à des échanges corrompus et moins sa participation est probable. Le coût social est constitué par le risque de faire l’objet de poursuites judiciaires pouvant engendrer un séjour en prison, d’être condamné à vivre avec une identité sociale négative hypothéquant sérieusement réputation, contacts sociaux et possibilités d’affiliation. Ce qui peut déboucher sur une  » mort social ou symbolique. Le coût social de l’échange corrompu est d’autant plus considérable que l’individu concerné est situé dans un milieu où la justice, les medias et la société civile se posent en véritables gardiens des principes qui définissent l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Dans un pareil milieu, le risque que l’échange occulte ayant eu lieu dans les » coulisses et autres  » espaces fermés au public, soit découvert et puni est très élevé. Le coût social est aussi d’autant plus important que l’individu est placé dans un cercle de reconnaissance fort. Quand on est loin de son milieu primaire, lorsqu’on intègre d’autres qui offrent un certain anonymat, alors la probabilité que le coût social de la pratique corruptive soit bas est plus importante. La faiblesse du coût d’une déviance peut constituer une condition favorable à l’émergence de conduites ou actions constituant un écart à des normes sociales. Cette hypothèse reste à être confirmer par la réalité. Les faits de corruption révélés à la tête de la fédération mondiale de football et de la fédération internationale d’athlétisme pourraient aider à vérifier la théorie. Il serait aussi intéressant de se pencher sur les justifications compensatoires que se construisent actuellement ceux qui au niveau de la Fifa et de la Fédération internationale d’athlétisme font face à l’accusation de corruption. Serigne Babakar Diop, Allemagne
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